Tout enseignant prestant dans une école primaire, conventionnée catholique en RD Congo, doit être pratiquant de la foi chrétienne de l’Eglise de Rome. Ce critère d’emploi attribué au cardinal Fridolin Ambongo, a provoqué un véritable séisme dans différentes plateformes des médias sociaux. Des internautes congolais, selon qu’ils soient fidèles catholiques ou pas, jugent diversement cette décision. Si certains la soutiennent, d’autres tirent à boulets rouges sur l’archevêque de Kinshasa et l’accusent de discrimination.
Selon plusieurs sources concordantes, le cardinal Fidolin Ambongo accorderait un prix non marchandable à la leçon de religion au niveau de l’Enseignement de base en général. Et en particulier, la pédagogie ou les préceptes de la catéchèse, entant que doctrine chrétienne, aux écoliers des classes terminales de 5ème et 6ème années primaires.
Par rapport à cette préoccupation du cardinal Fridolin Ambongo, on verrait mal qu’un enseignant qui ne pratique pas la foi chrétienne de l’Eglise catholique -généralement très critiquée par des Eglises dites de “réveil spirituel” en RD Congo -transmettre la catéchèse aux écoliers de sa classe. C’est donc cette réalité connue de tous, que brandissent les Congolais qui soutiennent la décision du cardinal Fridolin Ambongo, pour étayer leur argumentaire.
Cependant, le camp opposé pense que la décision de l’évêque de Kinshasa va à l’encontre du principe de Dialogue interreligieux, instauré en mai 1964 par le pape Paul VI qui avait même érigé un Conseil pontifical à cet effet. Dire que l’Encyclique “Redemptoris missio” consacre trois paragraphes au Dialogue interreligion. Moralité, les internautes qui désapprouvent la décision du cardinal congolais, déduisent que celle-ci porte des germes d’exclusion, de stigmatisation d’autres religions.
LE CARDINAL MAL COMPRIS ?
Secret de polichinelle. La société congolaise est marquée depuis plusieurs décennies, par de profondes évolutions dans son paysage religieux. D’aucuns parleraient de l’apogée de la religiosité. Ainsi, A travers les relations de voisinage, l’école, le travail professionnel, la participation à la vie associative, tout comme au niveau des instances politiques les plus élevées, les chrétiens se trouvent conduits à rencontrer d’autres croyants. Il s’agit donc là, d’une situation de fait. Et, il se trouve parfois même que dans un foyer, les deux partenaires ne partagent pas la même foi.
Toutefois, nombre d’observateurs estiment que cet impératif de dialogue interreligieux ne doit pas être mal interprété. Sur le plan pédagogique, le bon sens commande que l’on devrait donc éviter toute forme d’hypocrisie en matière d’enseignement de la doctrine de l’Eglise catholique que nombre d’autres églises accusent d’idolâtrie, il faut le dire.
Si l’école est un creuset d’éducation et d’instruction, l’Eglise catholique a sa perception du produit final. Entendez ici, la formation et l’encadrement des enfants. L’homme, disait Jean-Paul Sartre, est un projet. Et, pour le réaliser, les catholiques conviennent qu’il est nécessaire de poser un certain nombre de bases morales, sur fond de l’enseignement de la catéchèse dès le cycle primaire des études.
Dès lors, nombre de parents pensent que l’on devrait éviter une sorte de dualisme spirituel dans les écoles. A partir du moment où l’enseignant ne partage pas la même foi que ses élèves, il y a donc risque de conflit entre les deux acteurs, obligés d’interagir.
Par rapport à la problématique principale, il semble que tout le malheur du cardinal Fridolin Ambongo aura été d’avoir dit tout haut, ce qui se pratique déjà en silence, dans la plupart des écoles tenues par les confessions religieuses et d’autres églises du pays. Posons alors la question à haute voix. Quelles seraient, par exemple, les chances d’un enseignant ne pratiquant pas la foi du pasteur William Marrion Branham, considéré comme le fondateur du mouvement “La pluie de l’arrière-saison”, de se faire embaucher dans une école gérée par les Branhamistes?
Certes, l’article 36 de la Constitution, spécialement à son alinéa 3, dispose que “nul ne peut être lésé dans son travail en raison de ses origines, de son sexe, de ses opinions, de ses croyances ou de ses conditions socio-économiques”. Toutefois, d’aucuns estiment que cette disposition générale et imposable à tous, dans sa pratique, se bute contre certaines pratiques faisant partie de la coutume de certaines organisations. Si ce principe doit impérativement s’appliquer dans le monde de travail, de nombreux experts de la pédagogie y mettent un peu de bémol, soutenant que le secteur de l’éducation est astreint à certaines exigences morales en termes de foi.
Tout bien considéré, nombre d’observateurs pensent que la croisade contre le cardinal Fridolin Ambongo sur la toile, est un vrai-faux procès, avant de trancher que ce dernier a tout simplement été mal compris. De même que les parents, non pratiquant de la foi chrétienne catholique, ne trouvent pas l’intérêt ou les raisons d’y envoyer leurs enfants, autant les enseignants non catholiques devraient renoncer à leur emploi dans les écoles conventionnées catholiques. C’est aussi ça être responsable. Il s’agirait là, d’un acte procédant d’une discipline personnelle librement consentie. L’hypocrisie étant la pire des vertus.
Grevisse Kabrel
Forum des As