Les échéances électorales de 2023 approchent lentement mais sûrement. Le FCC s’active déjà dans un travail de sape, qui consiste à diviser les autres familles politiques afin de baliser la voie à son candidat. Ainsi émiettés, Lamuka et CACH qui se présenteront en ordre dispersé, amoindriraient leurs chances de gagner la bataille électorale face au candidat du régime Kabila. C’est aux autres de comprendre cette stratégie, surtout du côté Lamuka, où Fayulu, Katumbi et Bemba semblent ne plus prêcher pour la même chapelle.
Horizon 2023. Les gens discutent, les choses se dessinent dans le microcosme politique congolais. Déjà, les regards sont braqués vers l’horizon 2023, où devraient s’organiser les élections générales à la fin du premier quinquennat de Félix Tshisekedi au pouvoir depuis janvier 2019.
Au sein de la coalition au pouvoir incarnée par le FCC de Joseph Kabila et le CACH de Tshisekedi, l’on lorgne dans la gibecière de Lamuka ; quitte à y extirper un gros gibier qui ferait remplir son assiette électorale en 2023. Tantôt, on approche Jean-Pierre Bemba, tantôt on courtise Moïse Katumbi, parfois on essaie de faire fléchir l’intraitable Fayulu… la lutte s’annonce donc âpre, avec comme objectif final : opposer Katumbi et Fayulu afin de foncer sans obstacle, comme couteau dans du beurre.
Ce qui est certain, c’est qu’après Vital Kamerhe qui a joué le rôle de « faiseur des rois » lors de trois derniers cycles d’élections (2006, 2011 et 2018), c’est le président du MLC, Jean-Pierre Bemba qui incarnera ce rôle. En 2023, celui qui aura Bemba avec lui, pourra être sûr de gagner la bataille électorale.
Puisque Fayulu tient mordicus à se représenter au nom de Lamuka, vu le succès récolté en 2018 et, au sein de la même plateforme, Moïse Katumbi affiche, lui aussi, ses ambitions, la division intestine donnera des coudes franches au FCC qui a déjà réussi à émietter le CACH, en séparant Félix Tshisekedi de son allié de l’accord de Nairobi, Vital Kamerhe, condamné à 20 ans des travaux forcés dans la prison de Makala. On aura donc face au FCC, plusieurs candidats, notamment Félix Tshisekedi.
On se souviendra qu’en 2006, le patriarche Antoine Gizenga avait bouleversé tous les pronostics au second tour de la présidentielle au détriment du candidat Jean-Pierre Bemba, en s’alliant à Joseph Kabila ; ce qui lui a valu le poste de Premier ministre, malgré le poids de l’âge qui pesait sur ses frêles et vieilles épaules. En matière d’alliance, l’histoire va-t-elle bégayer ? La question reste posée.
La géopolitique va jouer
Encore une fois, en 2023, la géopolitique va considérablement influer sur l’électorat congolais. Mais dans cette géopolitique, c’est Jean-Pierre Bemba qui est l’homme à surveiller de près. Il va peser lourd sur la balance entre l’Est et l’Ouest de la République.
Éliminé d’office de la course électorale après sa condamnation par la Cour pénale internationale (CPI) dans l’affaire de subornation de témoins, l’ancien vice-président de la République n’a plus rien à perdre. Il sera seul face à sa conscience. Soit il tient à son honneur d’homme d’État constant et intègre, soit il joue son va-tout, en signant des accords au plus offrant, même en dehors de Lamuka, sa plateforme.
À voir la façon dont les états-majors s’activent déjà pour le courtiser, il n’est pas évident qu’en 2023, le leader du MLC se range derrière la candidature de Martin Fayulu comme il l’avait fait en 2018.
Le FCC dans l’action de sape
Selon une source proche du FCC, les stratèges y travaillent déjà en vue de ne pas se laisser surprendre en 2023 comme il en a été le cas avec l’échec cuisant de leur candidat, Emmanuel Ramazany Shadary, en 2018. Ils savent pertinemment bien que Moïse Katumbi et Martin Fayulu ne s’entendront jamais sur cette question électorale. Comme deux coqs dans une basse-cour, les deux leaders de Lamuka risquent donc de prêter le flanc à l’adversaire qui est aux aguets. Le CACH n’est pas non plus sûr de garder son ticket (UDPS-UNC), le parti de Kamerhe ayant constaté que le chef de l’Etat a lâché de plein gré son directeur de cabinet à la merci de la justice.
Mais il y a un autre outsider à prendre au sérieux : Modeste Bahati Lukwebo et son AFDC/A qui joue ces derniers temps au trouble-fête, en participant à toutes les manifestations organisées par Lamuka, CACH et la Société civile. En l’absence de Kamerhe, c’est Bahati qui régentera toute la partie Est du pays, surtout le Grand Kivu. Il faudra donc compter avec lui.
En un mot, le FCC s’estime capable de bousculer Fatshi (Kamerhe, le faiseur des rois étant en prison). La famille politique de Kabila sait bien que, compte tenu de la donne électorale de 2018, Lamuka reste encore une réalité, malgré ses fissures internes. C’est à Lamuka donc de se réveiller, comme l’indique son nom, et de s’organiser pour ne pas se faire prendre de court par ses adversaires en 2023.
Le Potentiel / MCP