Il ne fait plus l’ombre du doute que les cordes se sont finalement rompues entre le Cap pour le changement (Cach) et le Front commun pour le Congo (Fcc). Une alliance contre nature montée aux lendemains de la présidentielle de décembre 2018, et qui n’a lié que les ténors des deux familles politiques. Les bases, surtout celle de l’Udps, n’avait de cesse craché sur un montage aux intérêts non évidents pour le commun des mortels.
Des lézardes
Aujourd’hui, le peuple l’a emporté haut la main. A défaut d’ouvrir une crise béante, les coalisés d’hier optent en sourdine désormais pour la cohabitation entre la majorité présidentielle et celle parlementaire. A la base, la mauvaise gestion des ambitions politiques que se disputent les deux camps. Tout indique que Félix Tshisekedi est loin de se contenter d’un seul mandat, du reste torpillé par un partenaire désireux de revenir à la perche. A défaut d’une rupture brutale, le président de la République rêverait d’un mandat plus confortable qui lui permettrait de conforter son prestige par un déploiement limpide de son programme d’actions.
Une pareille ambition mettrait, on le sait, sous l’ombre (éternelle ?) le Fcc dont le retour au pouvoir n’est pas garanti après 2028. C’est donc une question de vie ou de mort pour la majorité parlementaire actuelle de pouvoir s’assurer un retour à la zorro dès la fin du présent mandat. D’où toute la détermination de ne pas laisser la gestion de la Centrale électorale basculer dans l’autre camp. Il en est de même de la Cour constitutionnelle. Justement le contrôle de ces deux organes clé dans l’organisation et le verdict des élections a sonné le glas d’un amour hypocrite noué entre le Cach et le Fcc.
Rupture de confiance
Voilà qui justifie le refus des présidents des deux chambres du parlement de prendre part à la cérémonie de prestation de serment des juges constitutionnels ce matin au Palais du peuple. Alexis Thambwe Mwamba et Jeannine Mabunda ont officiellement transmis au Président Tshisekedi pour désapprouver le « fait accompli » devant lequel ils sont soumis pour assister à ladite cérémonie. Ils renvoient le chef de l’Etat à leur position transmise lors de la rencontre du 13 octobre à la Cité de l’Union Africaine.
Ce matin donc, pas de Thambwe Mwamba et de Jeanine Mabunda dans la salle des Congrès du Palais du peuple. Il pourrait en être le cas du Premier ministre dont le parti politique, le Pprd, avait déconseillé d’organiser la cérémonie comme le lui avait demandé le chef de l’Etat. La crise institutionnelle qui était latente jusque-là devient patente et persistante. Une énigme cependant : la suite.
Révision du deal
Par plusieurs fois, le chef de l’Etat en avait appelé à la révision de certaines clauses du deal qui plombe son avenir politique ; l’autre camp est demeuré de marbre. Pas la moindre concession. Aujourd’hui, toutes les deux parties souscrivent à la rupture de la coalition ; chose déjà effective dans les esprits. Il ne reste que la matérialisation du divorce. Mais au-delà, pourrait-on déboucher sur la dissolution d’un parlement en rupture de confiance avec le Président de la République. Ou, anticipativement, le parlement pourrait-il accuser le chef de l’Etat de haute trahison pour violation de la Constitution ? Selon les interprétations des juristes, le chef de l’Etat ne peut subir ce sort que par le truchement de la Cour constitutionnelle.
Alors, l’avenir du pays n’a plus de boussole précise !